samedi 26 mai 2007

Hommage

Le farci connaissez-vous ? C’est un plat du Poitou. A ma connaissance il ne s’est jamais exporté en dehors des frontières de la région poitevine. Peut-être aux villes limitrophes et encore. En tout cas ni au Japon ni aux Etats-Unis ni même à Paris. Longtemps j’ai cru que le farci n’avait qu’une seule famille, le jardin et la cuisine de mes grands-parents. Le farci est le genre de plat qui fait frémir les enfants. Imaginez ce n’est qu’un tas d’herbe. Bêêê je courais dans le potager de pépé quand il ramassait son chou. Mais on va pas manger ça, je disais incrédule. Le chou c’est pour les chèvres mon pépé. Mais si ma chérie on va le manger, ta mémé et moi on va préparer le farci, rejoins-la donc elle a cueilli les épinards, l’oseille et le persil. Epinards je pense à Popeye, Popeye le sauveur de l’épinard. Eh mais nom de Diou Sophie regarde donc où tu mets les pieds tu écrases les semis. Pépé aime bien râler. Depuis mon pépé j’aime bien les râleurs. C’est leur amour déguisé qui me transporte. Avec leur déguisement de loup je vois bien qu’ils nous aiment. Je vois bien la tendresse sous leur peau. La peau de mon grand-père qui sent le savon bon marché et l’after-shave vétyver. Les biceps tendus dis pépé tu me montres encore tes biscotos ? Les deux doigts de pépé arrachés par une machine agricole moi petite j’avais compris une machine à laver. J’avais trouvé mon pépé distrait tout de même. Les machines à laver je m’en suis longtemps méfié. Mais revenons au farci en voici mon souvenir. Il faut une bonne journée pour découper les herbes et le chou. Tout est haché menu menu. Un beau travail de concert entre ma grand-mère et mon grand-père. Les couteaux aiguisés clic clac clic clic sur les vieilles planches en bois. Une fois le travail de découpage terminé, les herbes sont placées dans une large feuille de chou. Mémé rajoute du lard pour donner du goût. Sous la dent j’adore ça c’est très gras et ça fond. Ensuite la feuille de chou est faite prisonnière dans une sorte de filet. Longtemps j’ai cru que c’était le filet des cheveux de mémé. Mais non c’est un filet bien spécifique. Pour finir la grosse boule d’herbes est plongée dans un pot-au-feu ou une soupe de légumes. Le farci cuit à petits bouillons pendant des heures et des heures. C’est pour ça que c’est bon. Je n’en ai encore jamais préparé. La prochaine fois que j’irai chez pépé et mémé, j’irai recueillir la véritable recette. Seuls, les ingrédients de mes souvenirs ne feront jamais le farci. Mais je ne cueillerai qu’une histoire de mémé, les deux sont bien trop vieux pour se mettre aux fourneaux. Ils n’ont plus l’énergie. Mais la relève est là. Pour que vive le farci.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah, les petits plats de notre enfance ! Ce sont nos petites madeleines à nous...

Anonyme a dit…

Souvenirs bien lointains car une source sûre me fait remarquer que j'ai oublié plein d'ingrédients comme la salade - eh oui - ou les oeufs. Et que mémé préparait à côté du petit salé. Miam.

J'embrasse ici ma source sûre qui ne manquera pas de me lire.

Et merci cher invité pour les chroniques du plaisir, que je vais prendre plaisir à découvrir.