samedi 10 février 2007

Tête vide

Je sais c’est pas vendeur mais parfois j’ai la tête vide. Vide de vide. Rien. De l’air passe à défaut des anges de l’air vide. Une nulle une ratée une qui a le QI d’un mollusque d’un rat musqué deux neurones et encore ils passent leur temps à se chercher. Sans jamais se trouver. C’est parfois c’est pas toujours mais quand ça y est je ne peux plus réfléchir. Tout me semble compliqué. Tout me semble bruyant. Un vacarme du bruit j’entends ce qu’on dit j’écoute même je vois bien que ce sont des mots qui signifient des signifiants mais je comprends pas ce qu’ils veulent me dire. Imperméable. Bête et puis tout ce qui va avec. Incapable. Et puis laide. Evidemment. Bonne à rien. Bonne à rien faire. Ne souriez pas le pire la tragédie c’est le repas. Parce que dans ces cas-là je n’ai plus envie de cuisiner. La moindre tourte bof. C’est quoi qu’on mange mais j’en sais rien. Sais pas moi j’ai plus d’idées. D’habitude ça vient tout seul et si je faisais cuire un ragoût mi-lentilles mi-haricots secs avec du veau ou de l’agneau pense à acheter une gousse d’ail chez l’épicier il reste encore deux ou trois feuilles de laurier et même du thym qu’on a cueilli dans les alpages près des moutons qui donnaient faim le petit gigot. Mais quand la tête vide c’est laborieux. Même un plat de pâtes pas réussi. J’ai essayé pour les petits allez vite fait ça c’est fastoche un oignon frit sur huile d’olive à l’estragon tomates en boîtes bien oui l’hiver elles sont meilleures que les choses rouges en plastique sur rayons frais laissez-moi rire ça des tomates là je suis d’accord Jean-Pierre la tomate en hiver c’est une farce pas drôle c’est une hérésie c’est du n’importe quoi j’ai pas encore la rage comme vous savez le faire mais je vais apprendre ne craigniez rien. Donc revenons aux petits à maman j’ai faim les nouilles papillons plongées dans l’eau bouillante jetez le sel pour accentuer le bouillonnement jetez les pâtes juste huit minutes puis égouttez bon à saisir avec la sauce servir de suite et là mouais. Raté. Médiocre. Bah quoi j’avais mis de l’amour pourtant. Non pas assez. Parfois la fatigue rabote le courage et l’amour dans tout ça ? Besoin d’être courageux pour l’amour à donner ? Ça vient pas tout seul l’amour, comme une source qui coule de source ? Je sais c’est pas vendeur mais les jours de tête vide mieux vaut aller au restaurant.

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